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Yê hasra ! (La nostalgie est PLUS ce qu'elle était)
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18 août 2010

Le sexe de Sfax

On a beaucoup discuté - on discute encore sans doute - du sexe des anges, mais pas, à ma connaissance, du sexe de Sfax. Or, la question se pose puisque l'usage hésite, s'agissant de notre ville préférée, entre le masculin et le féminin. Sfax, du reste, n'est pas seul(e) dans ce cas : l'usage hésite pour Paris aussi, entre autres (le gai Paris, Paris la rose).

Il semble toutefois que la majorité penchent en faveur du féminin. Pourquoi est-on tenté de féminiser Sfax ? Parce que la vie y était douce et que la douceur est - était ? - une qualité féminine ? Dans cette optique, ceux qui masculinisent Sfax l'auraient connu sous un jour moins clément...

L'étymologie également hésite : pour les uns, le nom de Sfax viendrait de celui d'un roi, Syphax, pour les autres du... concombre (faqous). Dans ce cas, et si faqous est du genre masculin en arabe aussi, Sfax serait plutôt masculin.

Mais il y a une troisième explication, entendue dans mon enfance. Le roi - de ce qui ne s'appelait pas encore Sfax, mais peut-être toujours Taparura - avait décidé de décapiter un homme, peut-être un opposant. Au moment de l’exécution, il aurait dit au bourreau, qui se nommait Sfa : « Sfa, qos ! » (« Sfa, coupe ! »). D'où le nom de Sfax.

Cette explication est bien sûr tirée par les cheveux, car on voit mal comment un ordre, fût-il royal, aurait pu devenir le nom d'une ville. En plus, si cette explication était la bonne, la question du sexe de Sfax serait insoluble, puisque seuls les noms, les pronoms et les adjectifs ont un genre. Sfax, le cas échéant, ne serait ni masculin, ni féminin, ni même hermaphrodite, mais neutre ; or, le genre neutre n'existe pas en français.

Il est donc sage de tenir cette explication pour nulle et non avenue, sous peine de se perdre dans des discussions interminables : la vie est trop courte pour la passer à couper les cheveux en quatre !

Alors, quelle explication retenir ? Aucune ne s'imposant, c'est affaire de conviction. La question du sexe de Sfax, comme celle de l'existence de Dieu, n'a pas de réponse dans l'ordre de la science mais dans celui de la croyance. Quel est le sexe de Sfax ? A chacun d'en décider selon sa foi !

 

 

René BELLAICHE (2009)

(Publié dans le "Forum sfaxien")

 

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